Coup de foudre à la machine à café ou évasion d’un soir après un team building arrosé, nous sommes nombreux à avoir déjà eu des relations avec un collègue. En Belgique, 10 % des travailleurs ont déjà flirté au boulot. Mais comment gérer cela ? Qu’est-ce qui est légal ou non ? Faut-il parler d’une relation ? Et quand ? Et comment faire après une rupture ? Voilà quelques pistes de réponses.
« Dans le monde dans lequel j’évoluais avant, les médias, l’amour au travail était omniprésent. Il y avait des couples légitimes, d’autres moins. L’atmosphère de travail, les conditions, le côté WAW et certains avantages (voyages, soirées champagne, invitations à des concerts, rencontres avec des personnalités…) laissent plus de latitude à des familiarités. Et, assez vite, des rapprochements se faisaient. Dans mes équipes, il y a aussi eu des vrais problèmes générés par ce côté « décalé » du métier que les compagnons/compagnes ne comprenaient pas. Il m’est d’ailleurs arrivé à plusieurs reprises de devoir « convoquer » des collaborateurs pour reposer le cadre de travail », explique Didier, ancien directeur de média.
L’amour sur le lieu de travail est un sujet complexe, car totalement irrationnel. Qu’est-ce qui fait qu’on a une attirance pour quelqu’un ? Ou de l’amour ? Qu’on aime se retrouver auprès d’une personne en réunion plutôt qu’une autre.
Sujet complexe, mais pas totalement impossible à cerner.
Une étude réalisée en 2019 par Tempo Team sur l’amour au travail révélait quelques chiffres particulièrement intéressants. Dont celui-ci : 47 % des personnes interrogées ne savaient pas si « l’employeur autorisait d’entretenir une relation sentimentale avec un collègue. »
En Belgique, officialiser une relation amoureuse avec un collègue n’est pas obligatoire. Il existe cependant certaines sociétés qui stipulent, dans leur règlement intérieur, qu’il est parfois encouragé à s’assurer qu’une relation au travail n’aura aucun conflit d’intérêt ou d’impact négatif sur le travail des collaborateurs concernés ou sur l’équipe. Dans certains cas, l’employeur peut inviter l’un des deux collaborateurs à changer de service, surtout s’il y a conflit d’intérêts ou risque de conflit d’intérêts. Mais, cette invitation ne doit en aucun cas causer un préjudice, et doit se faire d’un commun accord entre toutes les parties.
Pas d’intervention directe de l’entreprise sur ce qui semble être d’ordre privé donc. À une exception, s’il est constaté que, grâce à cette relation amoureuse, le collaborateur est avantagé : horaires plus souples, promotions, augmentation salariale…
Ceux qui l’ont vécu le savent. Il y a d’abord ces petits regards, ces petites attentions. Le cœur qui bat un peu plus en réunion quand il/elle est là. L’envie de plaire. Et puis, il y a le rapprochement. Et puis le premier baiser. Et l’histoire commence…
Certaines sont belles et joyeuses (« ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants »), et puis d’autres se terminent. C’est le cycle de la vie.
Oui, mais comment fait-on quand on va le/la voir 12 h par jour au bureau ?
Parfois, ça se passe très bien. Parfois, c’est plus compliqué.
Le rôle des RH dans ce type de situation peut s’exercer à plusieurs niveaux.
Rencontrer son conjoint au travail, peut-être même son mari, est courant. Ce qui l’est moins, c’est quand les deux continuent à travailler ensemble. Et cela arrive.
Dans ce cas, le domaine d’activités est souvent déterminant pour le couple qui s’affiche. Dans une ONG, une association ou dans un travail plus « social » et moins axé sur la compétitivité, le couple sera mieux perçu que dans un secteur où il y a des enjeux plus stratégiques : entreprises bancaires, cabinets politiques ou d’avocats. En cause : le risque beaucoup plus élevé, dans ce type de travail, de se retrouver dans des situations de conflits d’intérêts.
Travailler en couple peut avoir de très nombreux avantages et de très nombreux inconvénients.
Vous connaissez la technique « SWOT », ce fameux cadre utilisé pour évaluer les forces, faiblesses, opportunités et menaces d’une décision à prendre en entreprise ou d’une position stratégique ?
Cette méthode peut aussi être appliquée à l’amour au travail.
« Un collègue m’a dit un jour : t’es vraiment super mignonne, ça met bien en avant tes formes très généreuses en insistant sur le ‘très’. Le lendemain, j’ai hésité à mettre un pull, avant de me rendre compte que le problème, ce n’était pas moi, mais lui. Je lui ai donc signifié que c’était la première et la dernière fois qu’il me parlait comme ça. Le compliment gratuit, avec plaisir. L’allusion corporelle, non merci ! », nous confie Charlotte, active dans un bureau d’avocats.
Quand on a un coup de cœur pour quelqu’un, il n’est pas toujours facile de le faire savoir. Et pour cause, les conceptions de l’amour et des interactions sociales sont évolutives. Elles évoluent selon les époques, mais aussi selon les régions ou encore le milieu social ou professionnel. Ce qui est acceptable dans tel endroit ne l’est pas dans tel autre. Ce qui l’était à telle époque ne l’est plus aujourd’hui.
Au bureau, ce changement est d’actualité. #Metoo est passé par là.
Le témoignage de Charlotte démontre bien qu’au travail, il est essentiel de choisir ses mots pour partager ce que l’on ressent « amoureusement » afin de ne pas faire d’un flirt un harcèlement.