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L’art et l’entreprise, de quoi parle-t-on ?

L'art en entreprise : un atout vital pour la culture et le bien-être

Les Belges aiment l’art et y consacrent d’ailleurs 7,2 % du budget de leur ménage (Statbel2024). Et pourtant, les entreprises de notre pays n’ont pas encore pleinement intégré que l’art, sous toutes ses formes, était un atout majeur pour elles. Petit tour d’horizon.

On a déjà tous été touchés par l’art ? Que ce soit à l’écoute d’une chanson, à la vision d’un film qui nous a emportés ou bouleversés. Ou encore en regardant une photo, un bâtiment ou un tableau. L’art a ce super pouvoir de nous pénétrer et de changer notre temporalité.

En entreprise, l’art peut également être très impactant. Que ce soit sur le plan du bien-être des collaborateurs, sur la créativité et l’innovation. L’art contribue également à construire et à affirmer une identité collective. Il joue aussi un rôle essentiel dans la communication interne et externe. Et même pour l’image de marque de l’entreprise.

Et quand on parle d’art en entreprise, cela ne veut pas dire le faire rentrer partout, mais l’intégrer dans le fonctionnement de la société. Et avoir le réflexe de s’en entourer au quotidien. Cela peut donc passer par une expo de tableaux ou photos dans l’entrée, mais on peut aussi inviter ses collaborateurs à aller au théâtre ou faire venir un chanteur dans les locaux. Ou même organiser des ateliers de musique ou de peinture.

 

L’art pour transformer la culture d’entreprise

L’art peut devenir un puissant levier de transformation de la culture d’entreprise. Au-delà de l’esthétique, il agit comme un langage universel capable de traduire les valeurs fondamentales d’une organisation en expériences concrètes et sensibles. En intégrant l’art dans la vie de l’entreprise — qu’il s’agisse d’expositions, de résidences d’artistes, d’ateliers participatifs ou d’œuvres collaboratives — on donne une forme vivante à des notions parfois abstraites telles que l’innovation, la diversité, l’inclusion ou l’audace. L’art invite à la curiosité, au questionnement et à l’ouverture d’esprit, autant de qualités nécessaires dans des environnements en perpétuelle évolution. En exposant les collaborateurs à des démarches créatives, il stimule leur imagination et leur capacité à envisager d’autres manières de faire, de penser et de collaborer. Cette rencontre avec l’univers artistique crée des espaces de dialogue et d’émotion partagée, favorisant l’émergence d’une culture plus humaine et sensible. L’art aide aussi à déconstruire les hiérarchies symboliques, en plaçant chacun sur un pied d’égalité face à une expérience esthétique commune. Il peut ainsi renforcer le sentiment d’appartenance en générant des moments collectifs porteurs de sens et de fierté. Une fresque réalisée ensemble, une œuvre exposée dans les locaux ou une performance partagée deviennent des repères identitaires qui nourrissent la mémoire collective. Dans un monde du travail en quête de sens et d’engagement, l’art rappelle que la culture d’entreprise ne se décrète pas : elle se vit, se ressent et se construit dans le lien, l’émotion et la créativité partagée.

 

L’art pour améliorer le bien-être et la qualité de vie au travail

L’environnement de travail a un impact direct sur la motivation, la concentration et la satisfaction des collaborateurs. L’art, par sa capacité à susciter des émotions et à éveiller les sens, joue un rôle majeur en entreprise.

Il a un effet de stimulation émotionnelle et sensorielle. Une œuvre — visuelle, sonore, sculpturale, interactive — peut provoquer une réaction émotionnelle, interpeller les sens : couleurs, textures, formes, lumière. Cela peut briser la monotonie, apporter du « relief » dans un espace de travail parfois très fonctionnel. Il possède aussi un effet de distraction. Face à une surcharge de stress ou d’informations, une œuvre ou un espace artistique peut offrir une « pause mentale » : détourner momentanément l’attention des préoccupations pour faciliter la détente ou la régulation émotionnelle. Il a aussi un effet créatif. L’art ouvre à d’autres manières de voir, de penser, de ressentir. C’est une source inépuisable d’inspiration pour les équipes. L’art va également améliorer et encourager les interactions sociales. Une œuvre exposée, un partage d’atelier, la venue d’un artiste sont autant de moments pour favoriser les échanges informels entre collègues (ce qui nourrit le lien social, facteur de bien-être).

 

L’art renforce l’image et l’attractivité de l’entreprise

Une entreprise qui s’engage dans une démarche artistique affirme une identité forte et différenciante, à la fois en interne et en externe. Il ne s’agit pas simplement d’embellir un espace, mais de porter une vision, de raconter une identité et de créer du lien — à l’intérieur comme à l’extérieur. L’art peut être un solide vecteur d’identité, car il permet de montrer les valeurs qui sont portées par l’entreprise comme l’innovation, l’ouverture, la sensibilité, la créativité… Ce n’est pas sans conséquences positives en interne (sentiment d’appartenance) et en externe (image forte et différenciante auprès de ses clients, partenaires et du grand public). L’art devient ainsi un outil de narration de l’entreprise sur qui elle est, et sur ce qu’elle partage comme valeur. Enfin, l’art rassemble et crée du lien, ce qui va positionner la société comme ouverte et engagée.

Comment démarrer ?

Vouloir faire un rapprochement entre le monde de l’entreprise et l’art est une excellente idée. Mais on commence comment ? Voici 11 idées (avec ou sans budget) pour se lancer :

1/ Sorties culturelles collectives : théâtre, danse, cinéma d’auteur, expositions, festivals… Cette sortie peut être suivie d’un temps d’échange sur les émotions, les résonances avec le travail, les valeurs.

2/ Organiser un atelier avec un pro : écriture, chant, théâtre d’improvisation, peinture, photo, danse, clown…

3/ Proposer une résidence artistique : accueillir un artiste sur plusieurs semaines, qui crée avec les collaborateurs autour d’un thème (ex : transformation, diversité, innovation).

4/ Proposer des expositions temporaires dans les locaux : artistes locaux, étudiants d’écoles d’art, ou créations collaboratives des salariés.

5/ Proposer des concerts ou performances lors d’événements internes (inauguration, séminaire, pot de fin d’année) qui sont réalisés par le personnel.

6/ Réaliser des œuvres participatives : fresques, mosaïques, sculptures collectives, installations où chaque salarié apporte sa touche.

7/ Dédier un espace à une bibliothèque : mise à disposition de livres, revues et quelques notes avec des liens de podcasts inspirants.

8/ Sponsoriser un événement artistique.

9/  Créer un “cabinet de curiosités” : chaque membre apporte un objet qui le représente, et un artiste met en scène l’ensemble.

10/ Rencontrer des artistes-chercheurs ou designers qui racontent leur processus créatif (doute, intuition, expérimentation).

11/ Proposer un “hackathon artistique” : sur une journée, des équipes pluridisciplinaires imaginent un projet artistique lié à l’entreprise (ex : installation sonore, court-métrage, performance).

Et pour être tout à fait complet, si vous vous lancez dans cette démarche, prenez en compte les facteurs suivants :  

  • Le premier, c’est d’être aligné avec les goûts/sensibilités du personnel. Une œuvre imposée, trop déconnectée de la culture des employés, pourrait être perçue comme artificielle ou intrusive. Il faut prendre en compte la diversité des sensibilités.
  • Le deuxième, c’est d’évaluer — parfois par des enquêtes, des observations qualitatives — l’impact réel sur le moral, la satisfaction, l’absentéisme, etc. On ne peut pas supposer que « l’art suffit en soi à tous ».
  • Le troisième est d’impliquer les collaborateurs dans le processus de décision (« Sortie théâtre ou expo ? », « atelier clown ou poésie » ? »…).
  • Enfin, on démarre toujours de quelque part. Il ne faut pas vouloir faire mille choses, mais plutôt en faire une ou deux de manière authentique. Et repartir de là pour la suite.

L’art ne peut pas être un processus de détournement de l’attention. Il ne compensera jamais un climat de travail toxique, des conditions de travail excessivement lourdes, une mauvaise gestion ou un manque de reconnaissance. Il ne remplacera pas les fondamentaux d’un bon management et de bonnes conditions de travail. Mais par contre, il peut les transcender 😉